mercredi 20 avril 2011

Marx Dormoy

Avec les Frigos, Bir Hakeim et quelques gares de Ceinture, le mur de Marx Dormoy fait partie des rares  endroits à Paris où ça peint depuis plus de 20 ans.
L'une des premières fresques réalisées sur ce mur date de 1991-1992.
Elle est l'oeuvre des PCP et des 156.
A cette époque, les deux groupes avaient peint une série de grands murs aux quatre coins de la capitale :
aux Charbonniers dans le 13e et à la Goutte d'or dans le 18e et Boulevard Victor dans le 15e notamment.
Sur cette première photo, trouvée sur le fotolog de Kooce, on a qu'une partie de cette fresque.
Le "One 5 Six"a été réalisé par Psyckoze. Difficile de décrypter qui sont les auteurs du "PCPISS..." et du "TCRIME". Les TCR (The Crime Rulerz), comme les KDP et les SAS, était un groupe proche des PCP. Sont impliqués sûr dans cette fresque : Numero 6, Kao et Mush.


"One 5 Six"- "PcPisso"- "TcRime" (Source : Kooce)

Je n'ai découvert ce mur qu'en mai 1994. A l'époque, y avait pas trente-six sources d'information disponibles pour trouver les terrains. Régulièrement, j'allais frapper à la porte de "Double Source", magasin de hip hop, qui se trouvait rue de la Ferronnerie aux Halles. Mais là aussi, les langues étaient bien pendues. Steph COP, qui tenait le magasin, ne donnait les adresses qu'au compte-goutte. 

Perso réalisé à Double Source par Steph-COP (source : Graffiti Paparazzi)


La première fois que j'y ai mis les pieds, c'était avec mon pote Vins, en mai 1994, donc.  On arrive aux abords du magasin,  Cypress Hill à fond : « Insane in the brain ». Je rentre. Il y a un graff de MODE 2 au sol, un B.Boy de STEPH sur le mur du fond. Des deux côtés, des clients fouillent les penderies  chargées de t-shirts et de treillis. Derrière un pupitre, un gars au crâne rasé porte un t-shirt noir large frappé d’un B.BOY avec des lunettes géantes. En lettre throw-up : « What’s up doc ? ». Il range un CD dans une boîte, se lève, le place sur une étagère. Sur sa nuque, un  tatouage : STEPH. À côté, un autre vendeur est occupé avec un client. Il est grand, la tête rasée, blond, ses bras sont couverts de tatouage. Il porte un t-shirt rouge avec un logo noir :  « HOMECORE ». MIST ?

On s’approche du grand blond. "C'est toi Mist ?". Le gars nous envoie chier direct. "Hein ? Mist, c'est quoi ça ?". On va voir STEPH, demande à voir les fanzines. Il nous tend un exemplaire de 400 ML. « Mars 1994, Numéro 3, 45 francs ». On feuillette, scotche. On passe à la caisse, lui demande s'il peint en ce moment. Coup de chance, il a peint, y a peu, avec RUSH au terrain de Marx Dormoy. 
On prend le métro direct. Les Halles-Marx Dormoy via Marcadet-Poissonniers. Le terrain est facile à trouver : au fond d'une impasse en remontant vers Porte La Chapelle. On arrive : le graff de Rush et Steph a sauté. Wildstyle de Woody. On arrive trop tard... 

Jack2 - Woody (Source  : Graffiti Paparazzi)

Pour un photographe de graffiti, c'est toujours un kiff de découvrir un nouveau terrain. Les yeux sont en alerte. Différentes façons de regarder un mur (de gauche à droite/ de bas en haut ou vice versa), différents niveaux de vue (du général au particulier). Un maximum d'informations monte au cerveau.
La claque visuelle, puis son contraire :  L'oeil se focalise sur la géométrie chirurgicale du lettrage, euphorie garantie. L'oeil trouve sur sa route un toy, une bouse, un truc qui n'a rien à faire là. Vener direct.
Caméra en joue, l'objectif  enchaîne les cibles. Pas toujours évident de faire le tri. Avec une pellicule de 24 ou de 36, obligé de faire des choix. La pellicule terminée, faut ensuite la faire développer.  Le photographe du quartier reconnaît la tête, donne des conseils (400 ASA, c'est plus cher, mais c'est mieux), fait des ristournes sur les développements. A force, les pellicules deviennent prioritaires. Une fois la pochette photo en main, le kiff. Les photos brillent, les couleurs pètent.
Après les avoir maté une dizaine de fois, je grille les détails : Au dessus du wildstyle de Woody, à gauche du graff de Jack2,  je repère le "One 5" du graff des PCP-156.
Le graff de Steph et Rush, jamais oublié. Récemment, j'ai demandé à Rush. Merci à lui.

Chomic one par Rush-THS (Source : Rush)

Steph-COP (Source : Rush)

 Je suis revenu ensuite plusieurs fois dans cette impasse. En 1995, je suis tombé sur Jack2 et Dixe, discuté vite fait. Pas d'appareil photo ce jour-là. Puis l'autre jour, par hasard, je tombe sur cette vidéo de Yulk et Saké des 132.
En 2010, ça continue à peindre, tant mieux.







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